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Retour sur le match Canadiens vs Sénateurs

Je suis de ceux qui considèrent qu’au bout du compte, Michel Therrien n’a pas le choix. Il ne peut pas faire jouer Tinordi ou Beaulieu à la place de Murray. Il ne peut pas faire jouer Leblanc, St-Pierre ou encore Dumont à la place de Parros ou Brière. Ces joueurs ont été acquis par son DG au cours de l’été et le coach, s’il ne donne pas aux acquisitions du boss la chance de se faire valoir, se trouve alors à dire sans le dire qu’il ne considère pas que ce dernier l’aide.

Les DG ont une sécurité d’emploi incomparablement supérieure à celle des entraîneurs. Plus encore, ce sont eux qui embauchent les entraîneurs. Il y a très exactement 30 jobs de coachs dans cette ligue. Si Therrien se donne une réputation de bonhomme qui aime faire passer son boss pour un idiot, son passage avec le CH pourrait bien être le dernier arrêt de sa carrière. Comme il ne me semble ni particulièrement vieux, ni particulièrement enclin au suicide professionnel, je ne vois pas comment le bench boss du CH peut procéder autrement.

Les blessés (ceux qui sont importants pour l’équipe) reviennent un à un et on voit le club reprendre du poil de la bête au temps de possession. Je l’ai souligné dans ma dernière chronique sur LNH.com: c’est par la profondeur de leur alignement que les meilleurs clubs se distinguent des autres. Les Prust, Emelin et Moen sont terriblement importants pour ce club parce qu’ils peuvent tenir leur bout contre n’importe qui dans cette ligue. Lorsque ce genre de joueur pousse hors de l’alignement des Parros, Murray, Blunden ou encore Holland, le coach peut se permettre d’être plus patient dans l’utilisation de ses meilleurs éléments, plus sélectif aussi, au lieu de les envoyer au feu plus souvent qu’à leur tour. Les saisons sont longue et rares sont les joueurs capables de tenir un rythme effréné sans éventuellement subir des blessures et pénaliser d’autant plus l’équipe qu’ils tiennent à bout de bras.

  • Therrien, à mon immense surprise, a décidé de charger à plein ses deux premiers trios, notamment en joignant Pacioretty à Gionta et Plekanec. On allume un cierge pour que la chose continue. La défensive des Sénateurs est pesante, mais outre Karlsson, elle est aussi effroyablement lente. Pacioretty, Gionta et Pleks ont créé une quantité sidérante de revirements en zone offensive, trouvant constamment de la glace libre d’où relancer l’attaque. Le seul différentiel aux tirs (+12/-5) et aux chances (+2/-2) ne rend certainement pas justice à leur remarquable travail d’occupation territoriale. J’ajouterais qu’ils ont accompli la chose contre le trio de Turris. Ce trio, qui prend l’essentiel des mises en jeu en zone défensive pour les Sénateurs tout en jouant contre les meilleurs éléments adverses, génère en moyenne 25 TVF de plus à l’heure que le reste de l’équipe. Cette remarquable machine à possession, donc, s’est hier soir fait complètement enfoncer par la première ligne du CH, ne leur collant qu’un maigre tir, un tir manqué et un tir bloqué en 4:15. Impressionnant.
  • Retour de la Kid Line, donc. Je suis un peu déçu de voir Therrien ramener si rapidement Galchenyuk à l’aile, mais le coach a besoin de victoire, pas de faire plaisir aux blogueurs qui sévissent sur les internets. Et présentement, ce trio carbure plus avec Eller au centre. Gallagher, joueur normalement peu puni (fait en soi remarquable pour un joueur pratiquant un style des plus abrasifs), a passé la soirée au banc des punitions. À travers ces périples au cachot, il a quand même trouvé le moyen de coller 3 chances à forces égales. Diable de petit joueur qui n’en finit plus de m’impressionner. Que ce petit joueur de deuxième année n’aie pas manqué un chiffre malgré 8 minutes de pénalités démontre toute l’estime que lui porte son coach.
  • Retour de Desharnais, entre Bourque et Bournival, donc. Le gros Bourque est resté à l’aile gauche, poste où on le voit moins passif. Comme l’a si bien démontré Christopher Boucher à l’aide de ses extraordinaire micro-statistiques, le gros #17 est un joueur passablement passif, qui n’utilise pas toujours suffisamment ses meilleurs outils (nommément sa vitesse et sa force physique). Jumelé à Bournival, toujours aussi dynamique et investi des missions défensives, et Desharnais, ce trio a hier soir collé Spezza, contraignant même MacLean à envoyer son capitaine entre Conacher et Michalek après la 1ère période, Spezza, Greening et Zibanejad ayant alors mangé une volée (+6/-0 aux TVF, une seule chance sur la grâce de 2 tirs bloqués). On verra comment les choses tiennent dans la prochaine semaine, mais le top-9 semble présentement stabilisé.
  • Et on arrive enfin à la 4e ligne. Moen de retour, Therrien a joué à 4 trios pour les deux premières périodes en donnant double emploi à Gionta et Gallagher. Parros n’a pris au total que 5 présences, ne traversant pas la barrière du 3 minutes jouées. Rien n’y fit: encore une soirée avec un minimum d’événements positifs en sa présence (une seule entrée de zone en possession, Parros allant patauger en zone adverse sur une passe de Bournival, à la faveur d’un changement de trio) et encore un but accordé. L’apport de Parros est minimal, certes, mais il est aussi absolument négatif. Therrien, pour les raisons exposées plus haut, n’a selon moi pas le choix de le laisser crever pendu au bout de sa corde. À voir ou il en est après 5 matchs joués, n’eût été de sa blessure au premier match de la saison, la chose serait survenue il y a déjà longtemps. Le retour imminent de Brière signalera selon moi la fin de son passage chez le CH.
  • Fait intéressant, les défenseurs du CH n’étaient pas assignés précisément à des joueurs des Sénateurs. C’est un patron d’utilisation qui s’était graduellement déclaré au cours de la série éliminatoire du printemps dernier: confrontations avants contre avants, défenseurs gérés selon le temps d’utilisation et le contexte du match. Le club ayant pris deux buts de retard en deuxième, Subban et Markov ont eu à prendre un char et une barge de mises en zone offensive. Le nombre de tirs dirigés au filet en leur présence était à l’avenant: 20 sur le filet des Sens, 10 accordés vers Price. Seulement 4 chances générées, Ottawa bloquant ce qui provenait de l’enclave. 2 chances de marquer pour Markov en désavantage numérique. Le Général a de l’entrain et du ressort, on verra à l’usage si ça dure. Je persiste à croire que cette vitesse retrouvée n’est pas miraculeuse, mais plutôt la conjonction deux éléments. L’exceptionnel sens de la prise de risque de Markov, qu’il utilise pour investir la “zone verte”, cet espace de la zone neutre situé tout juste au-delà de la ligne bleue adverse. Ces brusques revirements, générés à l’endroit même où les plus menaçantes des entrées en zone adverse sont lancées, ont eu un effet meurtrier sur la défense sénatoriale, par nature lente et hésitante sur le plan offensif. Si on ajoute aux plongées de Markov l’immense territoire couvert en repli par Subban, on obtient une combinaison susceptibles aux ruptures défensives, certes, mais aussi et surtout extrêmement dynamique en attaque.
  • Partagés entre Spezza et Turris, Gorges et Diaz ont continué leur petit bonhomme de chemin: parfaits au différentiel de chances lorsque réunis (+3/-0).
  • Murray est une autre acquisition de Bergevin qui, sans ses blessures du début de saison, ne serait probablement plus de l’alignement partant. Le gros #6 n’a joué que 5:51 à forces égales hier, quand même collé pour 3 chances contre et deux dégagements refusés. Un temps d’utilisation aussi microscopique ne laisse guère de doutes sur la suite des choses: Emelin revenu, on n’entendra plus guère parler de cette autre acquisition. Parions qu’une recrue passera devant lui bientôt comme septième défenseur./

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