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Retour sur le match Canadiens vs Sénateurs #1

Le chiffre du match: 10
C’est le nombre de combinaisons de joueurs d’avants utilisées pour plus de 40 secondes, à forces égales, en 3e période, par Michel Therrien. Le coach était un peu pris entre deux chaises: d’une part, il devait s’assurer que son club conserve son avance, ce qui imposait de donner de la glace à ses joueurs défensifs, bref son 4e trio. Mais d’un autre côté, il se devait de chercher à creuser l’écart, ce qui impliquait de la glace aux ailiers d’Eller, vulnérables en défensive.
Therrien a donc essayé de jongler avec ses trios, ce qui m’a semblé enrayer quelque peu le jeu à 5v5 du club, les joueurs se cherchant un peu tout le temps. Rendus à 4-2, le club a carrément étouffé de frustration, concédant 4 chances de marquer en un peu plus de 5 minutes, Galchenyuk étant le seul à donner la réplique avec deux chances.
La frustration, s’il est regrettable qu’elle les ait ainsi fait perdre leurs repères, était compréhensible. Aucun des 3 buts marqués en 3e par les Sénateurs n’était à mon sens une chance de marquer: celui de Silfverberg était un authentique sapin, Methot a tiré dans le tas du haut de la zone et celui de Latendresse a en fait rebondi sur Subban. Tu parles.
Cette 3e période et la perte d’Eller viennent gommer le fait qu’avant la blessure au #81, les Sénateurs n’étaient tout simplement pas de taille contre le CH à forces égales et ne devaient leur survie qu’aux exploits halakiens d’Anderson: au cours des deux premières périodes, les rouges ont en effet dominé +15/-5 aux chances de marquer à forces égales. Lorsque le gros Gui! ramasse Pleks, Subban et la puck dans le filet de Price, c’est +19/-7.
Et au moment d’écrire ces lignes, je vois sur Twitter qu’Eller est parti pour un bout (commotion) et que Pacioretty et Gionta ne seront pas du match de ce soir.
Tu parles.
“Y’aurait pas fait si Sprague Cleghorn avait été là…”
C’est embêtant comme situation pour un coach comme MacLean. Son équipe vient de gagner, mais elle doit la chose aux seuls miracles accomplis par son gardien. Autrement, ils ont mangé une volée. En plus, un de ses défenseurs s’en va oblitérer un joueur adverse sur coup parfaitement salaud, un exemple canonique de ce que la ligue a décidé de déclarer formellement interdit suite à la blessure de Crosby il y a deux ans. T’es en conférence de presse et faut que tu trouves le moyen de passer à travers tout ça sans te ramasser une amende. Alors tu dis des niaiseries. Dans le cas de MacLean, il n’a rien trouvé de mieux que de mettre la faute sur Diaz, qui aurait fait une passe-suicide à Eller. La citation de MacLean est proprement suave:

De l’avis de plusieurs, il s’agissait d’une passe-suicide. MacLean, qui a joué 719 matchs dans la LNH dans les années 1980, pensait ainsi.” C’est un jeu qui a mal fini pour Eller, a ajouté l’entraîneur moustachu. Scott Stevens, Doug Harvey, Gord Kluzak… ce jeu est aussi vieux que le hockey. Je me suis toujours fait dire de ne pas aller là si je ne regarde pas.
” Le 61 est à blâmer. “”

À sa face même, la chose est d’une bêtise hennissante: tous les clubs font ce genre de passes des dizaines de fois par match, il est rigoureusement interdit de frapper un joueur qui ne nous voit pas venir et il est encore plus interdit de sauter pour ramasser la tête du joueur. Ryan White a eu 5 matchs en fin de saison pour un coup similaire (mais aux conséquences moins catastrophiques, je crois). Curieux de voir ce que ramassera Gryba. Quant à MacLean, ça n’est peut-être pas comme ça qu’il se représentait les choses, mais reste que le gars avait à faire quelque chose pour détourner l’attention de la performance de son club ainsi que de son défenseur.
Mission accomplie.
Therrien sait faire parler les statistiques
Sur l’heure du midi hier, j’ai écouté RDS un instant, alors qu’on y diffusait un extrait de la conférence de presse accordée le matin par Michel Therrien. À un certain moment, sais pas comment Therrien arrive sur le sujet, il en vient à dire la chose suivante:

“Jouer contre un club comme Ottawa, qui marque pas beaucoup de buts, mais en accorde pas beaucoup, mais c’est un club quand même qui dirige beaucoup de rondelle au filet… Ils en on dirigées plus que nous autres, des rondelles au filet! Faut que tu fasses attention toujours aux statistiques… Ils ont lancé plus souvent que nous autres, ils ont marqué moins, on a accordé moins de lancers qu’eux autres, pis y’ont accordé moins de buts. Faque ça, les statistiques tu peux en faire ce que tu veux avec…”

  • En fait, on peut faire dire deux genre de choses aux statistiques: des niaiseries ou des choses utiles. Bel exemple du deuxième genre donné par le coach. Ottawa a eu des taux de conversions abominables depuis le début de la saison, mais tout ce que j’ai trouvé sur leur compte porte à croire que c’est un excellent club offensif: les avants d’Ottawa produisent 71% des tirs du club à 5v5, soit pile sur la moyenne des clubs de la LNH. À vue de nez, leur taux de conversion abyssimal à 5v5 (28e sur 30 clubs) est donc le fruit de la malchance plus qu’autre chose. Leur capacité à déclasser l’adversaire aux tirs (ils sont inférieurs au CH mais quand même 10e dans la ligue) est donc l’indicateur le plus pertinent dans ce cas-ci et les performances de leur gardien sont un facteur supplémentaire jouant en leur faveur. Lorsqu’il discute ainsi des tirs et des buts, Therrien identifie à mon sens correctement ces tendances.
    C’est l’fun, un coach allumé. Va avoir besoin de le rester, aussi, parce qu’au moment d’écrire ces lignes, Gionta et Pacioretty ne seront pas du match de ce soir. Oh boy.
    Therrien s’est lourdement appuyé sur Plekanec hier soir. Lorsqu’on regarde la dernière ligne des différents tableaux de confrontations, on constate que seul le trio de Turris, Alfredsson et Michalek a donné du trouble au CH, notamment parce que MacLean a insisté pour les envoyer 9 fois sur des mises en zone du Canadien. C’est à Pleks qu’est revenue la tâche de prendre ces mises. Dans ce contexte, on doit se satisfaire du fait que, surveillé par Karlsson en plus, Pleks a tenu aux chances.
  • Je n’ai pas eu l’impression que Therrien cherchait à opposer Desharnais à quelqu’un en particulier, ni à l’isoler aux mises. Ça s’est plutôt mal passé contre Alfredsson, mais DD et ses sbires ont su écorcher quelques chances contre les autres trios. Therrien a réuni Desharnais et Pacioretty à Ryder en 3e, mais les résultats ont été franchement médiocres: +3/-7 aux TVF, 3 mises en zone offensive, +0/-3 aux chances. Meh.
  • La perte d’Eller est enrageante parce qu’il était parti pour égorger les deux derniers trios des Sénateurs. Prust, Galchenyuk et Gallagher ont été réunis en 3e et ont accompli de belles choses, Galchenyuk collant notamment 2 chances. Si Therrien ramène Galchenyuk au centre, il sera intéressant de voir sa progression depuis le début de la saison.
  • Match efficace de la 4e, que Therrien a utilisé sporadiquement au départ. Prust a été appelé à prendre plus de responsabilités après la blessure d’Eller et il a répondu splendidement, collant notamment une chance en désavantage et effectuant plusieurs beaux contrôles en fond de zone adverse.
  • Parqués en zone défensive 7 fois pour des mises en jeu, Subban et Markov ont outrageusement dominé. Subban était extraordinaire à voir aller, multipliant les reprises de rondelle à la ligne bleue adverse et les esquives en fond de zone défensive, décollant encore et encore des couvreurs pour prendre ses aises, dégager une ligne de passe et relancer un coéquipier.
  • Diaz et Gorges avaient à couvrir Michalek et Alfredsson et c’était, heu, pénible. Je suis curieux de voir su Therrien va conserver cette confrontation ce soir. Elle permet certainement à Subban et Markov de régner sur les 3 autres trios adverses, mais les menaces étaient constantes.
  • On voit que les choses sont redevenues sérieuses, Tinordi et Bouillon n’ont joué que 10 minutes à forces égales, contre les deux derniers trios, avec peu de mises en zone défensive. Deux chances de marquer pour Tinordi! Comme quoi, hein…/

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