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Retour sur le match Canadiens vs Blue Jackets

J’aime bien gloser sur la défensive “4-1” du CH. Il s’agit, en gros, de pousser l’adversaire vers les coins de la zone défensive pour ensuite l’y confronter à 4 joueurs, un seul ailier restant alors en retrait. Ce patron de jeu dépend bien entendu de la capacité du club à diriger l’adversaire vers les racoins de la zone défensive, tâche qui s’amorce bien souvent lors du repli défensif en zone neutre.

Hier soir, c’était plutôt pénible sur ce point. Des 17 chances accordées aux Blue Jackets à forces égales, 10 l’ont été immédiatement après une entrée de zone en possession de rondelle, ce qui indique une incapacité récurrente à enserrer l’adversaire dans les rêts du 4-1. Price était en feu, comme toujours depuis le début de la saison, alors les dégâts ont été limités. Mais Colombus possède quelques très bons jeunes joueurs qui ont su tailler des croupières au CH. Boone Jenner, bien entendu, mais j’ai aussi beaucoup aimé Ryan Johansen, centre de 21 ans repêché 4e en 2010.

Le deuxième but de Jenner m’a par ailleurs semblé une belle illustration du nouveau style adopté par Carey Price depuis l’an dernier. On le voit maintenant axer massivement ses mouvements sur la vitesse de déplacement latéral et la protection du bas du filet, quitte à se trouver sur le point de plonger tête première vers la rondelle:

  • Rapide et habile, doté d’une merveilleuse vision du jeu et une ardeur au travail sans faille, Tomas Plekanec est pourtant un joueur facile à sous-estimer. C’est en partie dû à son rôle de centre défensif, qui n’a guère changé depuis le départ de Saku Koivu. Mais c’est aussi un peu une question de style. Pleks, pour tout dire, joue un hockey terne et procédurier. Présences après présences, il suit ses adversaires à la trace, découpe la glace, effectue un constant jeu d’équilibriste entre poussées offensives et replis défensifs. Encore et encore, on le voit donc poser les mêmes gestes aux mêmes moments. Cette feinte droite gauche en entrée de zone suivie d’un tir décoché du talon gauche, c’est un des canons du répertoire de Plekanec. Effectué lorsqu’un bon vieux “dompage” en fond de zone s’impose, ce tir, toujours à ras la glace (méthode! constance!), génère habituellement un retour dirigé par le gardien adverse dans un coin. Même résultat, mais on impose un geste à l’adversaire, au cas où. Hier soir, Bobrovsky s’est fait pincer, regardant déjà Prust alors que Pleks avait encore la rondelle. Autrement, ce fut un match passablement difficile pour Prust, Pleks et Gionta. Surtout appuyés contre Dubinsky et Anisimov, et taxés aux mises en jeu (6 en zone défensive, 2 en zone offensive), ils ont cédé 7 chances aux Jackets contre 3 générées. Heureux de voir Prust avec les deux autres, quand même. Il me semble mieux adapté que Bourque au travail qu’on leur demande, meilleur passeur, meilleur vision, meilleur pour garder possession de la rondelle en fond de zone.
  • Jouant, comme Pleks, contre Dubinsky et Anisimov, Eller avait pour lui la poussée territoriale, 8 mises en zone offensive contre 2 en zone défensive. Plus encore, alors que Pleks ramassait le premier duo de défenseurs (Tyutin/Johnson), Eller avait le Wiz et la recrue Ryan Murray. Rien n’y fit, ils n’ont pas réussi à s’imposer aux chances, une seule générée pour 4 concédée et n’ont pas tenu plus loin que le point d’équilibre aux tirs. C’est un test, pour Eller, piloter un des deux premiers trios offensifs. On a beaucoup râlé ces dernières saisons contre Gomez et Desharnais, mais le fait est que ce genre de tâche ne s’accomplit pas en criant ciseaux.
  • Therrien a choisi d’enterrer Desharnais aux mises en jeu, ce qui est à sa face même inhabituel. De lui demander de le faire en compagnie de Bourque et Brière, ben là… Je n’ai pas le détail des dégagements refusés, mais mes données m’indiquent que Desharnais n’a été sur la glace que pour un seul de ceux-ci. La décision de Therrien serait donc assumée. Ils ont coulé aux chances et je tiens à souligner que leur temps de glace a été à peine supérieur à celui de la 4e ligne, bien en deçà des deux premiers trios. Ajoutons, pour bien étayer le tableau, qu’ils n’ont presque pas joué avec Markov et Subban, jouant à parts égales avec les deux derniers duos de défenseurs.
  • Peu de mises en jeu pour la 4e ligne, une seule lorsque réunis en fait. Performance étincelante, par ailleurs. 5 chances collées aux Jackets, aucune concédée, 5 entrées de zone en possession contre une seule donnée. Bournival s’est merveilleusement agité, 1 but, 3 chances à forces égales, 2 autres en désavantage numérique et 3 des 5 entrées de zone de son trio. La blessure de Pacioretty lui ouvre la porte.
  • Subban et Markov continuent leur domination. Avantage écrasant aux entrées de zones, léger déficit aux mises en jeu, 9 des 11 chances du CH à forces égales générées en leur présence. Therrien continue à comprimer leur temps de glace à forces égales, 15 et 16 minutes, ce qui est relativement bas. Markov cède une minute à Subban dans cette situation, mais a joué deux minutes de plus sur le désavantage numérique. En avantage numérique, Therrien enfonce de plus en plus le clou: plus de 80% du temps de glace à 5v4 a été accaparé par le premier duo défensif. Intéressant.
  • Diaz et Gorges ont ramassé grave à forces égales. 6 chances concédées et rien d’imposé à l’adversaire en leur présence. Ouille. Ils ont énormément joué contre Dubinsky, Jenner et Atkinson et se sont fait joyeusement cogner. Je blâme un peu les appuis défensifs aléatoires du groupe d’avants. Diaz et Gorges sont mobiles et très aptes au 4-1. Mais si on laisse entrer l’adversaire en croisé par le centre, y’aura pas de miracles.
  • Bouillon a fait la garde avec Markov lorsque nécessaire alors que Tinordi continue à prendre peu de glace. Moments éprouvants pour le grand 42, qui commence probablement à regarder par-dessus son épaule. Beaulieu commence à trainer dans les parages…


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