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Retour sur le match Canadiens vs Rangers

L’un des grands intérêts de la communauté des blogueurs s’intéressant au renouveau des stats au hockey, c’est de trouver un indicateur qui permet de séparer ce qui, dans les résultats d’une équipe, est le fruit de la chance de ce qui ne l’est pas. Un des indicateurs les plus populaires est à l’heure actuelle le “Fenwick Tied”, nom parfaitement obscur (il s’agit du nom de famille du type qui y a pensé!) s’il en est un.

En gros, on prend tous les tirs au but et les tirs manqués générés à forces égales lorsque le score est égal et on fait la part qui revient à une équipe donnée. Exercice fastidieux s’il en est un, on doit encore ici remercier Gabriel Desjardins d’avoir programmé le bidule sur son site Behindthenet.ca. Faut savoir qu’au moment d’écrire ces lignes, le CH est en très bonne position:

Le CH a eu de très belles séquences sous Jacques Martin, notamment en 2010-2011, alors qu’il avait terminé dans le top-10 de la ligue selon cet indicateur. L’équipe de l’époque partage avec l’édition actuelle une part importante de ces joueurs qui constituent encore aujourd’hui la colonne vertébrale du club. Là où l’édition actuelle se distingue par contre de celle d’il y a deux ans, c’est dans le côté “chance”, entendre par là que le caractère fortement aléatoire du sport joue présentement en faveur des Canadiens, alors que c’était tout le contraire à l’époque. En effet, pour bien distinguer une équipe sur qui le sort s’acharne d’une équipe qui est simplement mauvaise, on doit non seulement regarder sa capacité à déclasser (ou non) ses adversaires aux tirs, mais regarder quel est le taux de réussite de ces tirs au but que prend l’équipe. Ici, une comparaison des années 2010-11 et 2013 est aussi fort instructive:

Encore ici, tout baigne pour Montréal. J’ai surligné certains autres clubs, mais c’est surtout sur les Rangers que je souhaitais attirer l’attention. Après avoir ajouté Rick Nash au cours de l’été, les Rangers sont incapables d’acheter un but. Bien qu’ils soient dans le premier tiers aux tirs vers le filet, leur taux de conversion de 6,8% à forces égales étouffe littéralement leur attaque. Pour référence, le CH avait terminé la saison 2010-11 avec un taux de conversion de 7%. Ça semble infime comme différence, mais sur une saison de 48 matches, on peut parler de 12, 15, voir même 18 buts perdus. Ça ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre et ça explique en grande partie pourquoi les Rangers s’accrochent péniblement au 8e rang de la conférence. Tortorella le sait probablement et espère sans aucun doute que la direction des Rangers garde ça à l’esprit en attendant que la chance finisse par tourner.

Quand même, on voit bien que cette équipe est affectée. Lorsqu’on regarde les tirs et les chances par période, on voit bien que si la domination territoriale est affirmée du côté de New York en première, les choses glissent inexorablement du côté du CH au fil du match.

Un autre élément que les tableaux ci-dessus ne nous montre pas, c’est que le CH n’est pas simplement bon, il semble bien qu’après avoir connu un creux de vague, il soit maintenant reparti de plus belle. La chose me semble particulièrement évidente lorsqu’on sépare les 33 premiers matches en 3 séquences de 11.

Notez tout d’abord comment les ratios de chances de marquer dépassent les ratios de TVF dans la première séquence (55% de chances contre 53% de TVF) pour ensuite retomber à un niveau égal sinon inférieur. À l’échelle d’une saison complète, ces pourcentages finissent généralement par être similaires, mais sur des périodes plus courtes on assiste parfois à des décrochages. C’est selon moi une autre démonstration du caractère partiellement aléatoire du hockey de la LNH. Pendant certaines séquences, les joueurs sont incapables de convertir et passent leur temps à tirer dans les jambières des défenseurs. À d’autres moments, Markov et Subban n’en finissent plus de coller des buts qui ricochent sur ces mêmes jambières. C’est comme ça.

La progression aux pourcentages semble tenir en large partie à une forte diminution des occasions accordées à l’adversaire. En effet, après avoir produit 18 chances à l’heure dans le premier tiers, le CH a vu sa production baisser à 15 chances pour ensuite se stabiliser à 16. Les chances accordées à l’adversaire sont passées, elles, à un peu moins de 13 dans le dernier tiers après avoir tourné autour de 15 pendant 22 matches. Heureuse séquence ou amélioration? On y reviendra dans d’autres billets, mais pour vendre le punch, ça coïncide tout simplement avec la montée en importance du duo Subban/Gorges dans les affectations défensives. Oubliez les points, c’est d’abord et avant tout comme défenseur que Subban est important.

Quelques points sur le match, pour terminer:

  • Plekanec était de garde contre Nash, Stepan et Hagelin. Ça n’a pas été terrible, disons-le poliment. Mais bon, Ryder a collé un but rapide et sitôt que le premier trio des Rangers débarquait, Pleks et ses sbires prenaient leur revanche sur le reste de l’alignement.
  • Desharnais a beaucoup joué contre Richards, ce qui peut sembler un peu contre-productif comme confrontation. Pourtant, le deuxième trio du CH a très bien fait (surtout en 3e) contre celui des Rangers. On comprend mieux le choix de Therrien lorsqu’on regarde les résultats de Desharnais contre Boyle et Callahan. Ce n’est pas tant contre Richards que loin de ces deux-là (et de Nash) que Therrien envoyait son petit centre. Pour avoir vu Desharnais se faire régulièrement neutraliser par le gros Boyle ces dernières années, c’était loin d’être une mauvaise idée. Encore 3 chances à forces égales par Gallagher, qui connaît une année incroyable, faut le répéter. Une seule chance pour Pacioretty, qui tire beaucoup de loin par les temps qui courent. Il a un tir puissant et ça paye de manière récurrente, mais ça semble présentement se faire au détriment de percées dans la zone des chances de marquer. Blessure? Léthargie? Toujours aussi efficace pour transporter la rondelle, par contre: encore 6 entrées de zone en possession de rondelle (à égalité avec… Ryder! On dirait que ce sont maintenant les ailiers gauches qui rentrent la puck… ben coudon.).
  • C’est donc Eller qui se ramassait contre Boyle et Callahan. Faut voir que Lars a fait pas mal de temps contre Richards aussi, mais Therrien l’a graduellement déplacé vers la 3e ligne en deuxième. Outre une séquence contre la 4e ligne, match plutôt brouillon en général. Eller court un peu partout et je pense que c’est dû en partie au fait que Galchenyuk commence à contrôler la rondelle et essayer des affaires (qui ne marchent pas tout le temps, mais on voit que ça va finir par passer). Au fait, dans le cas de Galchenyuk: au cours des 11 premiers matchs, il a obtenu 12 chances de marquer: 8 en entrée de zone, 4 provenant d’un jeu dans la zone offensive. Au cours des 11 matchs suivants, 10 chances, 4 en entrée et 6 en zone. Au cours des 12 derniers matchs (incluant ce soir), 17 chances, 4 en entrée et 13 en zone. Ça ne rentre pas encore, mais il a un bon tir. Il est en train de tourner le coin, patience.
  • Le duo Boyle/Callahan explique pourquoi Tortorella n’avait pas besoin de Halpern. La contribution de Zuccarello, signé à la place de Halpern, est d’une nature que ne peut fournir le vieux Jeff. Reste que le bonhomme a passé plus de la moitié de la soirée (plus de 70% de son temps de glace des deux premières périodes en fait) contre les deux premières lignes de New York, à qui il a concédé un grand total d’une chance de marquer. +4/-2 aux chances au total en prenant 4 mises en zone offensive pour 8 en zone défensive (Therrien l’envoie prêter main-forte à Desharnais, notamment). Et on l’a eu pour rien pantoute. Y’a des DG qui ont dormi sur la switch.
  • Quoi qu’il y ait probablement une question d’effets de score et qu’ils n’ont presque pas donné de chances de marquer, Subban et Gorges ont passé pas mal de temps à giguer autour de Price lorsque le gros Nash s’amenait sur la glace. Ça en prend des comme ça, des fois.
  • En appui à Desharnais contre Richards, surtout sur des mises en zone offensive, les deux Russes ont fait des dégâts. Faut dire que le trio de Richards est nul à chier en défensive. Comprends pas ce que Torto avait à les envoyer là. Tant pis pour eux, eh?
  • Oh, Natan Beaulieu! Ça venait trop vite pour lui lorsque les deux premiers trios se pointaient (rarement) sur son chiffre, mais autrement ont bien fait contre le fond d’alignement. Beaulieu va être excellent. Parce qu’il n’a ni le côté physique ni l’espèce d’énergie démente de Subban, je doute qu’il devienne aussi bon défensivement, mais il possède un coup de patin exceptionnel et de réelles habiletés avec la rondelle. Ça peut faire un très, très bon défenseur très, très rapidement. Pour l’instant, il va prendre quelques cross-check dans le cou, histoire de prendre la mesure du tempo de la LNH en fin de saison et ensuite on verra l’an prochain./

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