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Canadiens vs Bruins: Analyse et chances de marquer

Le graphique suivant (provenant de l’excellent site extraskater.com) fait régulièrement le tour de la place sur Twitter et il mérite d’être examiné. Il s’agit d’une représentation de l’utilisation des joueurs des Blackhawks de Chicago croisant les départs en zone offensive (axe horizontal), la qualité des adversaires affrontés (axe vertical) et le différentiel des tirs au but (grosseur et couleur du cercle; bleu = positif, rouge = négatif).

Comme on le voit, la quatrième ligne des Blackhawks remplit un rôle précis: prendre des mises en jeu en zone défensive lorsque les meilleurs éléments de l’adversaire ne sont pas sur la glace. La formule semble fort bien réussir à Chicago. Le schéma n’est pas étranger à ce qu’on retrouvait l’an dernier chez le CH:

On voit comment White, Armstrong et Moen remplissaient un rôle similaire. Cette saison, le graphique est complètement différent:

La prépondérance du rouge et le tassement des pourcentages de départs en zone offensive illustrent pleinement l’effondrement territorial du CH. Outre White, on constate que le 4e trio de l’an dernier a été démantelé en personnel et en responsabilités, désormais il s’agit d’un repaire pour joueurs en sursis (Brière) et pour pylône inutile (Parros). À droite, en bas, pointe un cercle rouge vif: Douglas Murray, de loin le joueur le plus favorisé en mises en jeu en zone offensive, aussi le défenseur affrontant le moins possible les meilleurs éléments adverses.

Ces deux graphiques illustrent parfaitement le problème bien réel que semble avoir Therrien. Son alignement, l’an dernier construit pour favoriser la production offensive de certains éléments doués, mais vulnérables en défensive (Desharnais, Galchenyuk, Gallagher), en transférant la job de bras vers un 4e trio construit pour les tâches ingrates (Moen, White, Armstrong) est désormais utilisé pour protéger les éléments les plus faibles des meilleurs éléments adverses. Et c’est le résultat de choix conscients! On a laissé partir Armstrong, on a acquis Parros et signé Murray.

Pendant ce temps, un joueur comme Brière crève aujourd’hui la gueule ouverte en jouant des minutes semi-défensives contre de très bons adversaires, alors qu’il est fait pour les minutes de Desharnais. Qu’on aie construit volontairement le club d’une façon qui s’est avéré être une réussite pour ensuite renverser les tâches suite à une défaite en séries due, au fond, aux blessures et à un gardien transcendant, n’en finit plus de me surprendre.

Therrien est revenu hier à un mode d’utilisation (Eller et Pleks braqués en zone défensive, Desharnais en zone offensive, les défenseurs qui “pinchent”) qui lui a bien réussi par le passé. Pourquoi s’en être éloigné pendant 20 matchs? Les choses semblent maintenant se replacer, Therrien ayant notamment renoncé aux expériences les plus stupides (Murray contre Ovechkin, je n’en reviens toujours pas…). Mais combien de temps cela durera-t-il, avant que le coach ne reparte sur une balloune?

  • Plekanec a donc été enterré en zone défensive hier soir. Sa soirée fut rendue plus pénible par le fait que Therrien a décidé d’envoyer Bergeron constamment contre lui. Peu de chances générées, donc, et un déficit substantiel au temps de possession. Peu de chances accordées aussi, par contre, seulement 3 en 15 minutes. On va le prendre. Bournival peut mettre son excellent échec avant en valeur avec Pleks et Gionta, j’espère donc qu’on le gardera à là pour un moment.
  • Desharnais a hérité d’une part importante de mises en zone offensive, ce qui a d’autant accentué le fait que son trio connaissait un match du tonnerre: 4 chances à leurs 4 premières présences, 10 au total contre une seule concédée. Le grand Chara n’a jamais réussi à s’imposer contre eux et Pacioretty (4 chances) et Gallagher (5) menant la charge.
  • Performance en dent de scie pour Eller avec Bourque et Prust, mais une fois le #8 banni sur la 4e au profit de Moen, les choses ont décollé. 5 chances pour le pauvre Bourque, incapable d’acheter un but. Loin des défenseurs de premier plan, le gros Rene peut encore générer des choses. Faut juste pas le mettre dans les minutes dures.
  • Non seulement la 4e a-t-elle généré un but (un snap de la ligne bleue, mais un bel écran de Parros, quand même), mais Parros a eu une chance de marquer. Y gèle en enfer. Ça veut surtout dire que Therrien va s’enhardir dans leur utilisation (on les a vu longtemps en 3e). Que du bonheur en perspective.
  • Gorges et Subban ont eu moins de glace qu’à l’habitude, est-ce que Therrien en avait marre des pénalités de PK? Je ne saurais dire. Mais chose certaine, ils ont fort bien travaillé lorsqu’on a fait appel à eux. Des 11 tirs accordés lorsqu’ils sont ensemble sur la glace, deux seulement sont bloqués et un seul est une chance de marquer. Bref, ils ont limité les Bruins à des tirs en périphérie, et ce, malgré 3 dégagements refusés en leur présence.
  • Markov et Emelin ont ramassé le gros du travail, prenant 8 mises en zone défensive et passant le trois quarts du match contre le top-6 de Boston. S’ils ont donné beaucoup de temps de glace à l’adversaire dans leur zone (notamment avec Eller et Prust) et beaucoup de tirs, encore une fois c’était souvent en périphérie: sur 29 tirs (!), 7 furent bloqués, 6 des 22 autres étant des chances de marquer. Pas super efficace, mais ils ont fait ce qu’ils ont pu dans des circonstances un peu trop difficiles pour eux. Reste que le fait qu’Emelin semble enfin avoir trouvé ses marques est un immense soulagement.
  • Murray et Beaulieu ont joué contre le fond d’alignement des Bruins qui, il faut le dire, n’est plus ce qu’il était. Ajoutons une bonne dose de mises en zone offensive, et les résultats furent fort convenables. Beaulieu prend du poil de la bête, une chance de marquer et on l’a vu appuyer l’attaque avec plus de ferveur. Mais c’est Murray qu’on va encenser, lui donnant le mérite de jouer au “mentor” pour l’autre, je suppose. Alors on continue à être pris avec ce piochon et Beaulieu de son mauvais côté alors que Diaz pourrait pousser le jeune du bon bord et lui donner un meilleur partenaire. Diaz n’est pas Yannick Weber, il a quand même prouvé (sous 3 entraineurs, quand même) qu’il peut prendre des minutes de deuxième paire dans la LNH. Or, il semble bien qu’il ne sera plus utilisé et échangé quelque part. C’est absurde et c’est le genre de choses qui fait stagner un club: un jeune émerge, on tasse un joueur utile pour lui faire de la place et on garde en place un joueur nuisible parce qu’il est gros. On l’a fait avec Parros, Armstrong et Bournival, on le fait maintenant avec Murray, Diaz et Beaulieu. C’est bête à manger du foin./

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