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Ne jamais abandonner

Dans mon bref commentaire sur le 5e et dernier match, j’avais conclu par la phrase suivante : “Anderson, répétons-le une dernière fois, a été fumant et c’est l’histoire de la série, point barre.” À regarder les données que j’ai colligées pendant ces 5 matchs, je reste donc sur mes positions; les Sénateurs sont passés par la grâce de leur gardien de but.
J’y reviendrai, mais j’aimerais d’abord m’attarder à ce qui me semble être la principale faiblesse affichée par le CH au cours de cette série: ils ont lâché lorsque le score leur était défavorable.
De l’importance du pointage et du “focus”
On sait que dans la LNH, les clubs adoptent une approche plus prudente lorsqu’ils détiennent une avance confortable et qu’ils vont, au contraire, ouvrir la machine et prendre plus de risques lorsqu’ils tirent de l’arrière. De manière générale, il est convenu d’utiliser le nombre de tirs tentés (c’est-à-dire le nombre de tirs au but, de tirs bloqués et de tirs manqués) pour évaluer le temps passé par un club en zone offensive. À l’échelle de la LNH, on a constaté que les clubs qui tirent de l’arrière par deux buts ou plus obtiennent 56% des tirs vers le filet à forces égales et que ceux qui ont une avance de deux buts ou plus obtiennent, inversement, 44% des tirs au but.
Sachant qu’un écart de deux buts ou plus influe lourdement sur la stratégie des clubs, nombre d’analystes utilisent aujourd’hui le différentiel de tirs lorsque le pointage est serré pour évaluer la force réelle d’un club donné. De même, lorsqu’on regarde le sommaire d’un match, on doit comprendre que le différentiel de tirs au but n’est pas simplement le produit de la qualité des deux clubs. Le nombre de tirs (et par conséquent le nombre de chances de marquer) dépend aussi du temps passé sur les unités spéciales et du temps passé avec un écart important au pointage.
J’ai dit du CH que je leur reprochais d’avoir lâché lorsque le pointage leur était fortement défavorable. Lorsqu’on regarde le total des 5 matchs disputés lors de cette série, 230 des 302 minutes jouées l’ont été à forces égales. Sur ces 230 minutes, 140 l’ont été avec un pointage serré (égal ou encore 1 but d’écart), 47 l’ont été avec une avance de deux buts en faveur du CH et 43 minutes ont été jouées alors que le CH accusait un retard d’au moins deux buts. Sachant que le différentiel “normal” des tirs vers le filet est de 50% avec le pointage serré, 56% avec un retard de 2 buts et 44% avec une avance de deux buts, le tableau suivant me semble révélateur:

Ainsi, le Canadien a dominé lorsque le pointage était serré (54% des tirs) et il a concédé un avantage “normal” aux tirs (43%) lorsqu’il menait par deux buts. Dans les deux cas, il a largement dominé au pourcentage de chances de marquer, une première indication du fait que même lorsque les Sénateurs passaient du temps en zone du CH, ils avaient de la difficulté à pénétrer la zone dangereuse.
La ligne jaune montre donc à quel point le CH a totalement décroché lorsqu’il tirait de l’arrière, concédant l’avantage territorial, aux chances et même aux entrées de zone en possession de rondelle. Contre une équipe qui se replie pour protéger une avance, c’est plutôt décevant. J’ajouterais que le Canadien a affiché ces piètres résultats malgré un avantage marqué: ils ont obtenu 14 mises en jeu en zone offensive contre 10 en zone défensive.
Sans pouvoir fournir d’explication formelle au pourquoi de la chose, je ne peux m’empêcher de regarder du côté des entraîneurs. C’est le seul vrai reproche que je puisse faire à Michel Therrien (ses bons coups sont nombreux et je vais les souligner dans les prochains jours) et ses assistants: il semble bien qu’ils n’aient pas su garder l’équipe concentrée sur la tâche à accomplir lorsque les choses se corsaient. C’est regrettable, parce que la capacité du club à dominer le jeu dans les autres situations laissait entendre qu’ils avaient la capacité de surmonter ce genre de situation.

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