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Gorges et Subban, premier duo

Comme j’y ai fait allusion lors du résumé du match de samedi contre les Rangers, les choses vont en s’améliorant pour le CH. Après avoir divisé la saison en 3 pour montrer la progression du club, j’aimerais maintenant m’attarder un petit instant à la progression de la brigade défensive en divisant la saison en deux tranches de 17 matchs (les données excluent donc le match d’hier soir contre les Hurricanes):

On constate d’abord que si Markov et Emelin ont été dans les deux périodes le duo de défenseurs le plus utilisé, leurs performances ont légèrement régressé, les ratios de chances de marquer et de tirs vers le filet diminuant d’une période à l’autre. L’essentiel des gains réalisés se fait donc fait avec les deuxièmes et troisièmes duos de défenseurs les plus utilisés.

Plus précisément encore, c’est le remplacement du duo Gorges / Diaz par le duo Gorges / Subban qui change la donne. Si Diaz et Gorges ont été efficaces, c’est principalement par leur capacité à demeurer relativement “low event” qu’ils s’en sont tirés. Il ne se crée pas beaucoup de chances de marquer lorsqu’ils sont sur la glace (14 à l’heure conte 18 pour Markov et Emelin), mais il ne s’en accorde pas beaucoup non plus (14 contre 17 pour les Russes). C’est en soit impressionnant lorsqu’on constate qu’ils ont pris beaucoup plus de mises en jeu en zone défensive que le premier duo.

En comparaison, Subban et Gorges sont, dans les matchs 18 à 34, spectaculaires. Il ne suffit pas de regarder les pourcentages, c’est dans la méthode que la force réelle de ce duo apparaît clairement. Tant aux chances de marquer qu’aux tirs et aux entrées en possession de rondelle, le nombre d’événements favorables à l’équipe reste similaire à celui de Markov et Emelin. C’est plutôt par leur capacité à empêcher l’adversaire de produire qu’ils se démarquent. En d’autres termes, malgré la plâtrée de points qu’accumule Subban par les temps qui courent, c’est bien par leur jeu défensif que lui et Gorges se démarquent. La chose est particulièrement saisissante aux chances de marquer: alors que Markov et Emelin en accordent 18 par heure, Subban et Gorges en donnent à peine plus de 10!

Le cas des entrées de zone est vraiment intéressant dans la mesure ou c’est un nouvel indicateur. À cueillir les infos au fil des matchs, j’en suis venu à constater qu’il y a un certain croisement entre les chances et les entrées de zones en possession de rondelle. En gros, les chances de marquer se partagent en deux, étant obtenues soit à la suite du contrôle de la zone offensive, soit à la suite d’une entrée en zone offensive suivie d’une percée ou d’une passe à un attaquant en retrait.

J’ai donc décidé de départager les chances en deux groupes, “Zone” et “Entrée”. Les chances “Entrées” surviennent au plus 5 secondes après une entrée de zone en possession de rondelle. Les autres sont considérées comme “Zone”. Voici, en reprenant les mêmes paires de défenseurs selon les deux groupes de matchs, ce que ça donne (les pourcentages représentent le % de chances obtenues en zone):

Emelin et Markov performent systématiquement sur les chances en zone offensive, générant près de 3 chances de plus par heure passée sur la glace. Et encore, la façon que j’ai de présenter ici les données sous-estiment leur contribution parce qu’elle présente la moyenne du club au complet. En fait, au cours des 17 premiers matchs, le club génère 13 chances à l’heure en zone offensive, et lorsque le duo n’est pas ensemble sur la glace, ça tombe à 8!

Inversement, ils donnent beaucoup de chances de marquer à l’adversaire. La chose est particulièrement évidente au cours des matchs 17 à 34, où ils sont largement déficitaires aux chances accordées en zone et où le nombre de chances accordées en entrée de zone est aussi fort important. Le plan de match du CH exige des défenseurs qu’ils descendent appuyer l’attaque lorsque la rondelle est installée en zone offensive et il me semble que les deux Russes payent le prix de ce choix en défensive (et en profitent à l’attaque!).

La question du plan de match du CH est importante, parce qu’elle nous permet de prendre encore mieux la mesure de l’excellence défensive du duo Gorges / Subban. S’ils accordent moins de chances en zone que Markov et Emelin, c’est essentiellement en empêchant presque systématiquement les chances sur des entrées de zone qu’ils font la différence.

Cerise sur le sundae, l’exploit est accompli en prenant une charge de travail en tout point similaire à celle de Markov et Emelin. J’ai calculé pour chaque présence combien d’attaquants sur la glace se situaient parmi les 6 plus utilisés par le coach adverse ce soir-là. L’indicateur est un peu bancal, mais il indique assez clairement qui est appelé à s’acquitter des tâches les plus difficiles.

Si Markov et Emelin continuent à prendre la charge de travail la plus imposante, on constate que Gorges et Subban ont, au cours des 17 derniers matchs, eu à s’acquitter d’une tâche équivalente, passant 66% de leur temps de glace à 5v5 contre au moins deux des 6 joueurs les plus utilisés par l’entraîneur adverse. On voit d’ailleurs dans ce tableau comment Therrien a soigneusement protégé Tinordi. En effet, à l’échelle de l’équipe, c’est près de 40% du temps de glace qui est joué contre 3 joueurs de top-6. Lorsqu’un duo descend dans les 20%, ou même 15%, c’est signe que le personnel d’entraîneurs les protège jalousement.

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