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Brière et Parros: quel impact sur l’alignement?

Le Canadien a maintenant 12 attaquants, 7 défenseurs et deux gardiens sous contrat. On peut donc en conclure que l’équipe est pour ainsi dire complète. Bergevin a choisi de conserver pour l’essentiel le club de l’an dernier en ajoutant simplement à son alignement un pur goon et un spécialiste de l’attaque sur son déclin.
Tout d’abord, un rappel. L’alignement étant pour l’essentiel inchangé, il est raisonnable de tenir pour acquis que le club va, du moins en début de saison, continuer à bâtir sur ce qui a été établi au cours de la dernière saison. Il est donc utile, pour comprendre la venue de Brière, de faire un petit rappel portant sur la gestion de banc de Michel Therrien.
Therrien, en effet, se démarque de la plupart des entraîneurs de la LNH en ce qu’il gère ses attaquants en fonction des zones de mise en jeu. Il faut savoir que ce modèle a été implanté graduellement au fil de la saison. Ainsi, lorsqu’on soustrait le nombre de mises en jeu prises en zone défensive à celles prises en zone offensive, on constate que les joueurs ne sont pas tous traités pareil.
Par tranches de 10 matchs, on voit clairement le rôle de chaque trio se préciser:

  • Outre une phase d’expérimentations en milieu de saison, on voit que Plekanec prend systématiquement plus de mises en zone défensive. Le graphique sous-représente d’ailleurs sa contribution. À 5 contre 5, Plekanec a pris 216 mises en zone défensive contre 144 pour Desharnais, 127 pour Galchenyuk et 171 pour Eller. En cet été où, encore une fois, voguent les rumeurs d’échange de Pleks, j’en profite donc pour rappeler que ce dernier fût l’an dernier le principal leveur de fonte défensive. Therrien, sur ce point, a suivi les traces de Cunneyworth, Martin et même Carbonneau. Ça n’est pas un hasard.
  • Desharnais se fait donner un rôle plus neutre dans le premier segment, alors que Galchenyuk, qui joue alors au centre, est soigneusement protégé dès le départ. Therrien va, à partir du 30e match, gaver méthodiquement Desharnais de mises en zone offensive Galchenyuk, après avoir joué au centre pendant une quinzaine de matchs, est envoyé à l’aile d’Eller.
  • Les premiers 10 matchs sont à ignorer pour Eller, c’est à partir du 20e qu’il revient dans l’alignement pour de bon. D’abord utilisé au centre du 4e trio, son usage s’apparente alors à celui de White et Halpern. Puis, jumelé à Galchenyuk à partir du 17e match, il va voir son dosage de mises en zone offensive augmenter graduellement.
  • White et Halpern sont les deux faces d’une même pièce, soit celui d’appui défensif à Plekanec. Lorsque Therrien ne pouvait envoyer son meilleur centre en mission défensive, c’était à un de ces deux-là de s’y coller./

On constate donc que les rôles se sont graduellement définis au cours de la saison. De fait, la chose est encore plus apparente lorsqu’on regarde les mêmes données, cette fois-ci au sujet des principaux ailiers droits du club.

  • Comme dans le cas de Plekanec, le grand nombre de mises en jeu prises par Gionta masque ici l’importance de sa contribution défensive: 213 mises en zone défensive prises contre 106 pour Gallagher, 140 pour Cole et Ryder réunis et 119 pour Armstrong. Le capitaine vieillit et on ne manquera pas, lors de la dernière année de son contrat, de se demander s’il n’est pas fini, si on ne devrait pas laisser sa place à un plus jeune. Encore ici, je reprends mon laïus: la contribution défensive de Gionta est constante et essentielle aux succès de l’équipe et aucun des ailiers droits présentement avec le club n’a, à mon sens, la capacité de le remplacer.
  • Therrien a rapidement compris que Gallagher est une dynamo offensive et s’est appliqué tout au long de la saison à l’employer en conséquence.
  • Ryder et Cole ont eu un rôle un peu plus “mélangé”. La baisse de mises en zone offensive subie par Ryder en fin de saison correspond à la blessure de Bourque et à ses passages fréquents à la gauche de Pleks et Gionta.
  • À l’instar de White et Halpern (et Moen), Armstrong jouait le rôle de soutien défensif./

Brière, on l’a tous compris, prend la place de Ryder dans l’alignement. Ryder est significativement plus jeune, 33 ans contre 36 pour Brière. D’autre part, Ryder semble plus à même de demeurer en santé, jouant 289 matchs au cours des quatre dernières saisons, contre 256 pour Brière. Alors quoi?

La répartition des tâches faite par Therrien et l’arrivée de Brière et Parros laisse entrevoir quelques éléments.
Brière arrive avec l’étiquette de joueur offensif et celle d’un vétéran établi dans ce rôle. Il est donc peu probable que Therrien le bardasse d’un trio à l’autre comme il l’a fait avec Ryder. Plus encore, il est hautement improbable que Brière se retrouve à l’aile gauche de Plekanec et Gionta à manger des mises en zone défensive. Joueur éminemment offensif, Brière est d’abord et avant tout appelé à avoir un impact sur l’utilisation de Gallagher. De fait, il semble logique que Brière prenne l’aile droite de Desharnais sur un trio systématiquement gavé de mises en zone offensive. Gallagher retrouverait alors Eller et Galchenyuk.
Ce qui nous amène à Parros. Âgé de 33 ans, il en est à sa 10e saison et n’a jamais joué beaucoup plus de 6 minutes par match. Rappelant beaucoup le cas de Laraque, le gros Parros va faire son tour de temps à autre et sera fort probablement tenu loin de toute situation compromettante pour l’équipe, entendre par là qu’on ne l’utilisera jamais contre les meilleurs trios adverses et qu’on ne le laissera pas prendre de mises en zone défensive. En d’autres termes, lorsque Parros sera en uniforme, le travail de complément défensif à Plekanec ne pourra être accompli par le quatrième trio. Desharnais étant d’office sur le trio offensif, la tâche va donc retomber sur le trio d’Eller.
C’est là une possibilité fort intéressante. Eller est certainement capable de s’acquitter de cette tâche et Therrien, qui adore Prust, ne manquera certainement pas de donner du temps de glace à celui-ci en l’envoyant à la place d’un des deux jeunes ailiers du Danois lorsque la situation se corsera.
Il est agaçant de constater que Ryder, plus jeune et probablement plus productif dans une situation égale, a signé pour moins cher que Brière. Il est franchement ennuyant de voir s’amener Parros, qui est probablement un des pires joueurs de hockey de la LNH, et qui enlèvera à lui seul un des outils favoris du coach, soit un 4e trio défensif permettant de maximiser le potentiel offensif des 2e et 3e trios.
Mais les gestes de Bergevin me semblent quand même susceptibles de rendre l’équipe plus productive.
D’abord, le statut de Brière obligera Therrien à être méthodique dans son utilisation en situations en zone offensive, ce qui n’était pas le cas avec Ryder (que la chose ait été gommée par un taux de conversion anormalement élevé de Ryder ne change rien à ça). La différence d’aptitudes entre les deux joueurs va selon moi être gommée par ce fait même.
Ensuite, l’arrive de Parros va forcer le coach à donner plus de glace à des joueurs plus talentueux par l’entremise d’un trio pivoté par un centre, Eller, taillé sur mesure pour ce genre de situations. Au bout du compte, les meilleurs joueurs du club joueront plus souvent et les joueurs spécialistes de l’offensive joueront plus systématiquement dans ces situations.
On aurais tous voulu des miracles, mais dans les circonstances, je trouve intéressant de voir que fondamentalement, les gestes de Bergevin viennent au bout du compte consolider certains rôles déjà clairement établis par le coach au cours de la saison tout en imposant une charge de travail plus importante à des jeunes joueurs qui ont certainement le potentiel d’en faire plus que les plombiers à qui ils prennent du temps de glace.


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