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École d’été sur les Statistiques fines: de quoi parle-ton?

Les statistiques fines (advanced statistics, fancy stats,…) sont des instruments qui mesurent de façon plus précise que les étalons usuels (buts, points, +/-, etc.) des éléments dont l’importance est sous-estimée. Grâce à elles, on peut parfaire notre compréhension du hockey et notre évaluation de ceux qui le pratiquent. Ainsi, dès janvier, on pouvait affirmer que P.K. Subban est un défenseur d’élite (alors que certains le comparaient à Michael Del Zotto), ou, en mars, qu’Alex Galchenyuk n’est pas un feu de paille. Ignorer l’apport des statistiques fines appauvrit notre regard critique sur le sport… et nos commentaires.

Hélas! bien que des sites comme le nôtre et ses semblables à SB Nation en fassent grand cas, les statistiques fines ne font pas partie du discours habituel des “experts”. Les amateurs n’y sont que rarement exposés. De plus, le langage employé, développé en anglais, reste largement inconnu du public francophone. D’où notre série d’articles École d’été sur les statistiques fines / Fancy Stats Summer School

  • Ouache, des maths!

Les statistiques fines ne sont pas vraiment plus “avancées” que celles que vous connaissez déjà. Elles s’intéressent simplement de façon plus pointue à certains événements qui ne sont pas compilés par la LNH. Heureusement, il n’est pas nécessaire d’amasser scrupuleusement les données soi-même: des sites comme http://www.behindthenet.ca/ ou http://stats.hockeyanalysis.com, et des analystes chevronnés comme notre collègue Olivier Bouchard, s’en chargent pour vous.

Nul besoin, donc, d’une formation scientifique poussée : additionner, soustraire, diviser est amplement suffisant. Bref, si vous êtes capable de payer votre note au restaurant et d’y laisser un pourboire, vous êtes suffisamment outillé!

  • Ouache, des stats!

Maints amateurs (et même des” spécialistes “) réagissent très négativement à l’usage des statistiques… ou du moins, à celles qu’ils ne connaissent pas. Pourtant, il n’est pas question ici de “déshumaniser” ou de “robotiser” le hockey (ce qui n’a d’ailleurs aucun sens). Il est question d’affiner notre analyse. Ceux qui prétendent que cette approche plus rationnelle n’est pas compatible avec celle d’un “vrai fan” attaché inconditionnellement à son équipe n’ont manifestement jamais lu les articles publiés ici!

D’autres soutiennent que la rigide froideur des mathématiques dénature l’essence du sport, qui est de procurer des sensations fortes basées sur les émotions. Comment croire aux miracles, aux moments magiques dans un univers aussi sec? (réponse : les échantillons de petite taille!) Que devient la passion, l’enthousiasme dans cet océan de nombres? (réponse : lisez les game threads, et vous verrez !).

Ceci dit, si la pure décharge émotionnelle du sport vous suffit, rien ne vous oblige à regarder un match d’un point de vue analytique. Mais il y a fort à parier que si tel était le cas, vous ne consulteriez pas de blogues sportifs…

Les stats fines: pourquoi faire?

En deux mots comme en quatre : mieux analyser, mieux prédire.

  • Mieux analyser

Non, il ne suffit pas de “regarder le match”. On ne peut se fier à ses seules impressions pour bien saisir, et encore moins comprendre tout ce qui se passe sur la glace. D’une part, l’œil ne peut capter simultanément toutes les actions impliquées dans le développement d’un jeu, même si l’on dispose des meilleurs sièges en ville. De l’autre, la mémoire n’est pas toujours fidèle et peut nous jouer des tours. En outre, la couverture télévisuelle offre nécessairement une image très sélective de l’action.

Il en résulte deux choses: un focus tout à fait naturel sur la rondelle et son porteur, au détriment d’autres éléments essentiels de la construction tactique et stratégique; ensuite, l’importance démesurée donnée à des éléments spectaculaires, mais anecdotiques, dans l’évaluation des performances. Les statistiques (fines et moins fines!) sont justement là pour confirmer ou corriger ces impressions instantanées, en accumulant de façon rigoureuse et répétée des observations concrètes.

Par ailleurs, nous sommes quotidiennement gavés de lieux communs (un goon protège les petits joueurs!) et de fausses évidences (le CH est trop petit pour gagner en séries!) auxquels le discours officiel tend à s’accrocher alors même qu’ils sont contredits par les faits. Les statistiques fines servent non seulement à démentir ces clichés, mais à démontrer leur invalidité… ce qui suffit à les rendre indispensables !

  • Mieux prédire

L’utilité des statistiques – y compris des plus fines! – est donc de fournir des indicateurs de performance basés sur des données et non des impressions. On peut, grâce à elles, formuler des estimations fondées sur des éléments quantifiables. De plus, puisqu’il est possible d’en jauger la probabilité de répétition, certains indices nous permettent de mieux distinguer, dans une performance donnée (la victoire d’Ottawa sur Montréal en séries, par exemple!), ce qui relève de la chance – ou d’une fluctuation circonstancielle à court terme, si le mot “chance” vous rebute! – de ce qui est structurel: il est évidemment plus probable de voir la seconde occurrence se reproduire, surtout sur le long terme.

En bref, les statistiques nous disent ce qui s’est passé, et nous permettent d’anticiper avec plus de justesse ce qui devrait se passer…

Que ce soit pour prédire les résultats d’un match, pour évaluer l’impact d’une transaction, pour composer l’équipe idéale dans votre ” pool ” ou pour critiquer les décisions de l’entraîneur ou du DG, les statistiques fines sont des outils essentiels pour asseoir votre opinion sur des données… et pour réfuter certains clichés à la mode. Grâce à elles, vous serez bien armés pour commenter nos articles… ou prendre twitter d’assaut!

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