La LNH est un milieu conservateur. Retirer le gardien, ça se fait en toute fin de match et pas avant. Pourtant, je doute du caractère optimal de la tactique. J’écris ça en parlant à travers mon chapeau, mais quel est le ratio de tirs à 6 contre 5 à l’échelle de la ligue? Est-il similaire à celui à 5 contre 4? Si oui, pourquoi ne pas retirer son gardien avec 3, 5 minutes à faire au lieu de se faire jouer la trappe jusqu’à la dernière minute?
Therrien s’est un peu fait baiser. Avec 4:22 à faire, le CH prend une pénalité de banc. Gallagher sort à 2:22 et en même temps ou presque, à 2:17, Pleks entre en possession de rondelle en zone adverse. Price n’étant pas dû pour sortir à ce moment-là et Plekanec y va de sa petite feinte droite-gauche-tirs du poignet qu’il adore utiliser lorsqu’il est en train d’entrer dans un mur défensif (ça lui donne une couple de buts chaque saison) et s’en retourne au banc. Desharnais et ses sbires entrent, s’enfargent dans la ligne bleue et causent un hors jeu. Revoici Plekanec avec Gionta et Ryder pour prendre la mise. Après un peu de zigonnages, ça finit en queue de poisson (chance aux Islanders) et Plekanec, crevé, rentre au banc. Rendu là, Therrien est pris. Il doit alors envoyer Desharnais prendre une mise en zone défensive contre Tavares, qui le trucide en 3 secondes, montre en main.
Si Price a pour ordre de sacrer son camp au banc sitôt que la rondelle monte en zone adverse après l’avantage numérique? L’idée ici n’est pas de réécrire l’histoire, Therrien a fait ce que pas mal tous les coachs font. Le seul qui, à ma connaissance, roulait agressivement les dés sur le retrait hâtif du gardien était Lindy Ruff. Et encore là, j’y vais de mémoire alors si ça se trouve, il ne faisait pas ça si souvent.
Mon point est simplement qu’il est terriblement difficile d’innover dans la LNH. Les entraîneurs doivent gagner et s’ils perdent de manière non orthodoxe (exemple: perdre 7 à 5 parce qu’ils ont transformé un 4 à 3 en foutoir en se faisant coller 3 buts dans les 5 minutes passées avec un filet désert), ça rime rapidement avec “inefficace” et “mauvaise gestion de risque” et, de là, c’est la mort. Pourtant, les “recettes éprouvées” sont souvent inefficaces et, au bout du compte, plombent inutilement la capacité de l’équipe à avoir du succès.
C’est l’ennemi qui guette maintenant le CH. Ce fantastique début de saison a mis en valeur des joueurs, des combinaisons et des façons de faire. S’attacher inutilement à ces éléments “parce qu’ils ont livré la marchandise” pourrait être coûteux si la livraison dépendait des faveurs des dieux du hockey.
- Desharnais pilote un formidable trio d’exploitation. Gavé de mises en zone offensive, il fait méthodiquement parler la poudre et ça tombe sous le sens que Therrien utilise ce trio de la façon qu’a Alain Vigneault d’utiliser les Sedins: en leur donnant toutes les mises en zone offensive possibles et en s’appuyant sur un trio de porteurs d’eau (Malhotra fait le sale boulot à Vancouver et White fait un travail similaire à Montréal). Desharnais a pris 3 mises en jeu en zone défensive contre une seule en zone offensive hier soir. Si on enlève un dégagement refusé et la situation incongrue de fin de match, ça laisse une seule mise en zone défensive et une seule en zone offensive. C’est trop peu et si on lui demande de gagner la zone offensive plutôt que de l’y installer pour qu’il y mette le feu, ça ne donnera jamais beaucoup mieux que ce qu’on a vu contre les Islanders, dont le top-6 entier a constamment malmené DD. Surtout, Nielsen, le centre défensif par excellence des Islanders, a collé une claque au premier trio.
- Tavares a pris 8 mises en zone du CH contre une dans sa zone. Eller en a pris 3, La 4e deux, Desharnais deux et Pleks une seule. Eller s’est somme toute bien tiré d’affaire, tant avec Prust et Gionta qu’avec Galchenyuk et Prust, ce qui est une fort bonne nouvelle. Peu de chances de marquer, par contre.
- Plekanec s’est retrouvé entre Galchenyuk et Ryder, prenant 7 mises en zone offensive contre 2 en zone défensive. Grabner leur a collé un but après avoir été complètement échappé par Ryder, ce qui me permet de souligner à nouveau que si on a gagné en flexibilité salariale pour l’été prochain en l’échangeant contre Cole, la flexibilité, d’ici-là, ne couvrira pas ces carences. Je ne doute pas de la capacité de Plekanec à animer un trio d’exploitation, mais franchement, je ne vois pas pourquoi on le ferait au détriment de Desharnais. Si Therrien tient absolument à protéger Galchenyuk aux mises en jeu, qu’il l’envoie à la gauche de Desharnais et qu’on aménage les trios d’Eller et Plekanec avec Pacioretty!!! Parce que là, ça ne vaut pas cher la tonne. Et Ryder à l’aile gauche?! Therrien est plus malin que ça, on a probablement juste eu droit à une séance de brassage de soupe.
- Match sans bavure pour la 4e ligne. Vraiment dommage que leur beau travail ait été dilapidé.
- Réunis, Subban et Gorges n’ont accordé aucune chance de marquer en près de 15 minutes de jeu. 4 minutes contre le trio complet de Tavares, 3 contre ceux de Nielsen et Grabner, 2 contre la 4e. Aucune chance générée par l’équipe lorsqu’ils étaient réunis, mais ça n’était pas faute d’essayer: Réunis, ils ont fait +15/-6 aux TVF, +12/-7 aux entrées en possession de rondelle en prenant 3 mises en zone offensive et 4 en zone défensive. Ah oui, 3 des 4 mises prises étaient contre Tavares. La première paire de l’an dernier est de retour! Joie!
- Markov et Emelin étaient de garde contre Tavares et Nielsen. Jeu égal contre Tavares, mais 4 chances données à Nielsen, les deux Russes étant incapables d’empêcher Desharnais de couler.
- Kaberle et Bouillon ont tenu aux TVF, mais lorsque réunis, l’équipe a créé deux chances et en a accordées 6, distribuées entre 3 des 4 trios des Islanders. Vulnérables, mais Diaz va ramener ça à l’ordre./
