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Canadiens vs Panthers: analyse et chances de marquer

Avant de passer au résumé du match, un petit quelque chose. J’écris depuis deux mois maintenant une chronique hebdomadaire sur le site français de la LNH. Je ne sais pas jusqu’à quel point le lectorat de ce blogue recoupe ceux qui me suivent sur Twitter, mais je pense ne jamais l’avoir formellement annoncé ici. La dernière chronique porte spécifiquement sur PK Subban, vous pouvez la lire ici. Pour résumer: j’y montre à quel point Subban a démontré sa polyvalence au cours des premières saisons de sa carrière, polyvalence qui servirait selon moi fort bien son équipe nationale aux prochains Jeux olympiques.

Les autres chroniques, qui portent sur la LNH en général, sont recensées ici. Maintenant, place au résumé du match le plus plate de l’année.

Sérieux, j’ai dû aller me faire un café avant d’écrire ce billet.

J’aime bien Michel Therrien. Mais ce soir, il a un peu dormi sur la switch et le premier but des Panthers me semble être directement lié à cet assoupissement. En fait, je dis “endormi”, mais on pourrait aussi bien l’accuser d’avoir voulu jouer au smatte et de s’être fait prendre. Sur une mise en jeu en zone défensive contre la 3e des Panthers, il a décidé d’envoyer White prendre la mise avec Desharnais et Brière. Qu’il décide de donner la mise à White, je comprends. Qu’il la donnes à White en remplacement d’un joueur du trio de Desharnais, bon, pourquoi pas. Mais qu’il choisisse d’envoyer White à la place de Pacioretty? Ce dernier joue en désavantage numérique et pas les deux autres, un signe parmi tant d’autres que des 3, c’est lui le meilleur en défensive. Qu’on choisisse de le laisser lui sur le banc et qu’on laisse Brière, effroyable dans sa propre zone, prendre la mise comme ailier (une position où il n’est guère confortable), c’était une crampe au cerveau. Laisser Pacioretty ou, encore plus simplement, envoyer White avec ses sbires de la 4e, Moen et Prust, aurait fait immensément plus de sens et Therrien ne s’enfarge habituellement pas dans les fleurs du tapis sur ces questions-là. Mais ce soir, oui.

Si le but a semblé assommer ses joueurs, ça a semblé le réveiller, lui, et il s’est par la suite mis à travailler ses lignes pour faire démarrer le moteur. C’est pourquoi, au bout du compte, j’aime bien ce coach.

Ceci étant dit, l’équipe dérive. Écrasement physique suite à l’exigeante séquence traversée précédemment? Peut-être. Fatigue mentale? Peut-être. Mais qu’importe, le problème est réel et massif. J’en veux pour preuve ce petit histogramme au titre à coucher dehors et à la tendance manifeste:

Après un début de saison prometteur, l’équipe pique brusquement du nez. Ça coïncide en partie avec l’arrivée de Douglas Murray et les blessures à Moen, Prust et Pacioretty. Le club se pète notamment un match effroyable au Colorado, où après un match au Minnesota la veille (match perdu à cause de Parros, au fait), même Subban et Markov ne l’ont pas. L’équipe termine alors avec un ronflant différentiel de -19 avec le score serré. C’est assez net comme plantage et le club remonte la pente immédiatement après, repassant même au positif lorsque le -19 sort de la fenêtre de 10 matchs. Puis ça repart à la renverse, suite à un beau -18 au New Jersey. On est au coeur de la série victorieuse, alors personne ne pipe mot, mais le club coule alors définitivement; depuis le match du 22 novembre à Washington, le CH a connu exactement deux matchs avec un différentiel positif aux entrées de zones à forces égales avec le score serré (bref, quand ça nous parle vraiment de la force du club). Deux matchs chaque fois contre les Sabres de Buffalo.

Bref, l’équipe dérive. Et les gardiens et la poudre de perlimpinpin et surtout la chance ne compensent plus. Alors, que va faire Therrien? Il a déjà commencé à bouger, Galchenyuk semble installé à demeure sur le trio de Plekanec et Gallagher est revenu aux côtés d’Eller. On attend la suite et je crois qu’on a eu, après le deuxième but des Panthers, une idée de ce qui s’en vient.

  • Deuxième match en deux soirs, une défensive flageolante derrière lui, 6 mises en zone défensive pour 3 en zone offensive… On a plein d’éléments nous permettant de se dire “oh, un mauvais match, ça arrive”. Mais en même temps, Pleks jouait contre Scottie Upshall, Tomas Fleischmann et Nick fucking Bugstad. De bons joueurs de la LNH, mais comme premier trio on parle d’une méchante gagne de piments. Et Plekanec termine avec une soirée en demi-teinte contre eux? Mais non. C’est bien Campbell et Gilbert, probablement le premier duo de défenseurs le plus sous-estimé de la ligue, qui leur a collé des claques.
  • Si Pleks a terminé en demi-teinte contre Gilbert et Campbell, Eller et ses comparses ont complètement écrasé, au point où Therrien les a séparés après le deuxième but des Sabres pour envoyer Gallagher avec Desharnais et Pacioretty. Brière a réussi une chance avec Eller, en plus d’une avec Desharnais. Il est incapable de faire autre chose que des gaffes en défensive et s’il n’a pas la rondelle il ne fait rien qui vaille, mais Brière me semble avoir trouvé une fraction de seconde supplémentaire, un brin d’accélération et d’explosion qui lui permettent désormais de rapiner 2 chances à forces égales par matchs. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais à 15% de taux de conversion moyen, ça finit par monter. Reste à voir si on continuera à lui donner du temps de glace lorsque Bourque reviendra.
  • Curieux de voir si Gallagher est retourné pour de bon à la droite des deux autres. Ça reste la meilleure combinaison d’exploitation disponible. Therrien a poussé sur eux côté temps de glace et ils ont généré des tirs, mais aux chances c’est le bide: +0/-3. Je les garderais ensemble, Brière est mieux aux côtés d’un centre nord-sud comme Eller et d’ailiers comme Bournival.
  • J’ai trouvé la 4e terriblement regrettablement sous-utilisée. Une fois le retard de deux buts consacré, c’était aux joueurs offensifs de retourner plus souvent qu’à leur tour au charbon. Dommage quand même.
  • Markov et Subban ont souffert des coups de cognée donnés par le premier duo de défenseurs des Panthers, souvent envoyés sur les mises en zone du CH. Pas d’assignation de couverture très précise, beaucoup de glace et de mises en zone défensive… Tout ça sent le roussi: Therrien a simplement cherché à éviter le pire en envoyant ses meilleurs défenseurs couvrir tout ce qui pouvait être couvert. Ça n’a pas suffi, évidemment.
  • Les deux derniers duos de défenseurs ont cassé. Pris individuellement, Emelin et Gorges semblent mieux s’en tirer, mais c’est en grappillant aux marges des changements de ligne. Réunis, ils ont fait +2/-5 aux chances, +13/-16 aux tirs, malgré 5 départs offensifs contre 4 défensifs. Diaz et Murray ont implosé totalement (Murray, surtout, constamment débordé), +1/-5 aux chances malgré un solde positif aux mises (+4/-3). C’est une position impossible et Therrien le sait. On a vu Diaz et Gorges alterner avec Markov et Subban lors des 5, 6 dernières minutes du match alors qu’Emelin et Murray restaient au banc. J’espère de tout coeur que ça signifie qu’on aura au prochain match Diaz et Gorges comme spécialistes des mises en zone défensive, Emelin et Bouillon comme 3e duo et qu’ainsi Therrien se redonne la capacité d’utiliser Markov et Subban comme créateurs offensifs et non comme éteignoirs défensifs, ce qui laisse alors le club sans aucune contribution offensive de ses défenseurs. Diaz a des aptitudes, mais la lenteur excessive de Murray le force à jouer celui qui reste en retrait, sans quoi les échappées se multiplient.

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