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Canadiens Columbus: analyse et chances de marquer

Un match qui fait ressortir de mauvaises tentations pour le personnel d'entraîneurs.

Richard Wolowicz

Il y a quelque chose de saisissant dans la méthode Therrien. Au moment d’écrire ces lignes, en fin d’après-midi le lendemain du match contre les Blue Jackets, la pratique du matin laisse entendre qu’Eller sera rétrogradé au centre du 4e trio, Galchenyuk muté au centre du 3e, Ryan White sorti de l’alignement et Rene Bourque envoyé à l’aile de Galchenyuk. En défensive, il semble que Douglas Murray reprendra son poste à la gauche de Mike Weaver.

Tout ça n’est peut-être qu’un coup de semonce de Therrien à l’endroit d’Eller et Tinordi, tous deux fautifs sur le but gagnant des Blue Jackets. Eller, après être entré en zone offensive en contrôle de la rondelle, s’est trouvé entouré de quatre joueurs et a tenté un dribble supplémentaire au lieu de simplement rejeter la rondelle en fond de zone. Bref, il a pris un risque.

Le revirement causé, Tinordi a récupéré la rondelle en zone neutre et a tenté une passe à l’aveuglette du revers, à travers le centre de la patinoire. Interception de l’excellent Ryan Johansen, qui a foncé au filet et marqué. Ces deux joueurs ont pris des risques et se sont fait bruler. Que Therrien ressente le besoin, sinon de les punir, du moins de les avertir, exprime pleinement ce qui est à mon sens sa plus grande faiblesse: l’homme n’a, de toute évidence, aucune foutue notion de statistique élémentaire. Ça n’est pas rien, pour un entraineur-chef dans un sport où les meilleurs avantages se manifestent par des "splits" de 60/40...

Le fait est que le but de Johansen était la seule chance de marquer accordée par le CH aux Blue Jackets à forces égales lorsque Lars Eller était sur la patinoire, alors que le CH en a obtenu 6 (Eller lui-même en obtenant 2). De même, lorsque Tinordi était sur la patinoire à forces égales, les Jackets ont obtenu 2 chances de marquer. Pas 12, pas 6, 2.

Tinordi, avec Weaver, a pris 6 des 17 mises en jeu en zone du CH à forces égales, contre 2 mises en zone offensive. Ces mises ont principalement été prises contre le deuxième trio des jackets, celui d’Artem Anisimov. Au total, le CH a, en présence de Tinordi, eu l’avantage 7-2 aux chances, 14-12 aux tirs vers le filet. Pour un joueur recrue, accompagné d’un vétéran, c’est une excellente performance et normalement, cette vue d’ensemble de sa performance devrait aider à relativiser les erreurs de Tinordi, normales pour un jeune joueur.

Il n’y a qu’une seule façon de rendre ces joueurs plus fiables sous pression, et c’est de les exposer à cette pression. Si on décide qu’ils ont les aptitudes pour faire ce travail (et Tinordi comme Eller ont le profil de l’emploi, si on peut dire), on doit vivre avec leur apprentissage. C’est toute l’équipe qui en bénéficiera à l’avenir.

Parce qu’il faut comprendre que les problèmes sont ailleurs, pour le CH. Le trio de Desharnais s’est encore fait dévisser à forces égales, notamment par Johansen. Ce trio-là, si spectaculaire soit-il en avantage numérique, ne tient pas la route à forces égales, Vanek et Desharnais sont tout simplement trop faibles hors de la zone offensive. Mais Vanek a marqué et, pour Therrien, on dirait que c’est tout ce qui compte.

Globalement, l’équipe s’est améliorée, mais c’est surtout dû au travail du DG qui a tout simplement enlevé à son coach des possibilités d’employer de mauvais joueurs en ajoutant suffisamment de bons joueurs. Weise est un exemple. Mais encore là, Ryan White a fait hier soir un excellent travail de centre défensif (7 mises en zone défensive, une seule chance obtenue par l’adversaire en sa présence), mais on va le sortir de l’alignement? On mute Galchenyuk au centre d’un trio appelé à jouer un rôle offensif et défensif, alors qu’il n’est absolument pas clair qu’il soit capable de prendre ce genre de travail. Ses aptitudes et son manque d’expérience en font, pour l’instant, un centre qu’on doit tenir loin des tâches défensive, entendre par là un centre ayant le rôle de Desharnais. Est-ce à dire qu’on lui de demandera de jouer un rôle qui n’est pas le sien, accompagné de Gionta et d’un Bourque au mieux erratique?

Ou est-ce que Therrien va demander à son trio le plus faible défensivement, celui de Desharnais, de prendre plus de responsabilités défensives? Sinon, ces tâches devront revenir à Eller. Et si c’est ce qu’on veut faire, alors pourquoi priver le Danois de Gionta et Galchenyuk, avec qui il a redressé la tête à forces égales et recommencé à créer des chances, pour lui imposer Weise et Moen, deux joueurs honnêtes, mais n’apportant pas la compétence des deux autres?

Tout ça est académique, mais en même temps, rendu en série, c’est ce genre de faiblesses réelles que les adversaires du CH seront en mesure d’identifier pour mieux les exploiter. On ne perd rien pour attendre.

Si ça se trouve, ces mouvements de personnel ne sont, comme je l’indiquais plus haut, que des avertissements à des joueurs dont le coach est insatisfait. C’est très bien, mais ces sparages (tout comme le fait de neutraliser un avantage numérique en clouant Subban au banc après que celui-ci ait échappé un joueur sur une mise en zone défensive menant à un but) sont inutiles et réaffirment le statut précaire de jeunes joueurs (dont on suppose la confiance fragile) qui s’améliorent de match en match. Rien de bon ne peut sortir de tout ça.